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4 LP's
- 2107 S 75/1-2-3-4 - (p) 1976
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4 LP's -
2107 S 75/1-2-3-4 - (p) 1976 - rectus
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4 LP's -
6.35346 FK - (p) 1975 |
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4 LP's -
6.35346 FK - (p) 1975 - rectus
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Intégrale des
œuvres pour clavecin par Scott Ross au
château d'Assas
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Jean-Philippe
Rameau (1683-1764) |
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Long Playing
1 |
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37' 17" |
|
Première livre
(1706) |
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-
Prélude |
2' 28"
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-
Allemande |
6' 01" |
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-
Deuxième Allemande |
3' 02" |
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-
Courante |
2' 08" |
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-
Première Sarabande
|
3' 18" |
|
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-
Deuxième Sarabande |
|
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-
Gigue |
2' 40" |
|
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-
Vénetienne |
1' 38" |
|
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-
Gavotte |
1' 42" |
|
|
-
Menuet |
1' 00" |
|
|
Pièces
de clavecin (1724) |
|
|
|
-
Allemande |
4' 36" |
|
|
-
Courante |
1' 52" |
|
|
-
Gigue en rondeau
|
1' 34" |
|
|
-
Deuxième Gigue en rondeau |
2' 14" |
|
|
-
Le rappel des Oiseaux
|
3' 04" |
|
|
Long Playing
2
|
|
47' 29" |
|
-
Premier Rigaudon |
9' 44"
|
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|
-
Deuxième Rigadoun |
|
|
|
-
Double du deuxième Rigadoun
|
|
|
|
-
Musette en rondeau
|
2' 26" |
|
|
-
Tambourin |
1' 07" |
|
|
-
La Villageoise (rondeau) |
2' 51" |
|
|
-
Les Tendres Plaintes (rondeau) |
3' 09" |
|
|
-
Les Niais de Sologne |
2' 31" |
|
|
-
Premiere Double des Niais
|
1' 46" |
|
|
-
Deuxième Double des Niais
|
1' 58" |
|
|
|
|
|
|
-
Les Soupirs |
5' 17" |
|
|
-
La Joyeuse (rondeau) |
1' 09" |
|
|
- La
Follette (rondeau)
|
1' 33" |
|
|
-
L'Entretien des Muses |
6' 23" |
|
|
- Les
Tourbillons (rondeau) |
2' 41" |
|
|
- Les
Cyclopes (rondeau) |
3' 31" |
|
|
- Le Lardon
(menuet)
|
0' 27" |
|
|
- La
Boiteuse
|
0' 56" |
|
|
Long Playing
3 |
|
45' 53" |
|
Nouvelles
Suites de pièces de clavecin
(1728) |
|
|
|
-
Allemande |
8' 50" |
|
|
-
Courante |
4' 27" |
|
|
-
Sarabande |
2' 52" |
|
|
-
Les Trois Mains
|
5' 18" |
|
|
-
Fanfarinette |
2' 45" |
|
|
-
La Triomphante
|
1' 45" |
|
|
|
|
|
|
- Gavotte |
1' 20"
|
|
|
-
Premier Double |
1' 02" |
|
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-
Deuxième Double |
1' 06" |
|
|
-
Troisième Double |
1' 03" |
|
|
-
Quatrième Double |
1' 01" |
|
|
-
Cinquième Double |
0' 54" |
|
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-
Sixième Double |
0' 56" |
|
|
-
Les Tricotets
(rondeau) |
2' 35" |
|
|
-
L'Indifférente |
2' 10" |
|
|
-
Menuet |
1' 25" |
|
|
-
Deuxième Menuet |
1' 27" |
|
|
- La
Poule |
4' 57" |
|
|
Long Playing
4 |
|
37' 51" |
|
-
Les Triolets |
4' 10" |
|
|
-
Les Sauvages
|
1' 58" |
|
|
-
L'Enharmonique |
6' 40" |
|
|
-
L'Egyptienne |
2' 40" |
|
|
La
Dauphine (1747) |
3' 02" |
|
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|
Pièces
de clavecin en
concerts (1741) |
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- La
Coulicam (1er
concert) |
3' 51" |
|
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- La
Livri (rondeau, 1er
concert) |
2' 45" |
|
|
- La
Vézinet (1er
concert) |
3' 15" |
|
|
-
L'Agaçante (2me
concert)
|
2' 45" |
|
|
- La
Timide (3me concert) |
5' 12" |
|
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|
-
Premiere Rondeau |
|
|
|
-
Deuxième Rondeau |
|
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|
-
L'Indiscrète
(rondeau, 4me
concert) |
1' 33" |
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Scott Ross, Clavecin
(anonyme du XVIIIe siècle) |
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Luogo
e data di registrazione |
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Château
d'Assas, Hérault (France) - luglio
1975 |
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Registrazione: live /
studio |
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studio |
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Producer / Engineer |
|
Alain
Villain / Thomas Gallia
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Prima Edizione
originale LP |
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Stil -
2107 S 75/1-2-3-4 - (4 LP's) -
durata 37' 17" | 47' 29" | 45' 53"
| 37' 51" - (p) 1976 - Analogico
Telefunken - 6.35346
FK - (4 LP's) - durata 37' 17" |
47' 29" | 45' 53" | 37' 51" -
(p) 1975 - Analogico |
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Note |
|
L'anno
di pubblicazione dell'edizione
Telefunken (1975) è stranamente
precedente a quello riportato
nell'edizione Stil (1976).
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|
Jean-Philippe
Rameau
L'œuvre
complet de
clavecin
Jean-Philippe
Rameau était issu d’une
famille d’organistes de
Dijon. Après
avoir reçu
une solide instruction
musicale par les soins de
son père, qui l’envoya en
1701 étudier en Italie, il
se retrouva dès
1702 dans le midi de la
France comme violoniste
d’une troupe ambulante
mais exerça
essentiellement par la
suite une activité
d’organiste. De 1705 à 1708
il séjourna à
Paris, où
il publia le premier livre
de ses Pièces
de
Clavecin.
Il gagna alors sa vie
en tenant de modestes
postes d’organiste avant
de rentrer à
Dijon pour remplacer son père,
mort en 1714, et reprendre
finalement le poste
qu’avait occupé celui-ci.
Il
devint plus tard organiste
de la cathédrale de
Clermont-Ferrand, où
il écrivit son célèbre
Traité de l'Harmonie.
Lors de son installation
définitive à
Paris, en 1723, son
ouvrage, paru l’année
précédente, avait déjà
fait grand bruit. A Paris
il fut également organiste
jusqu’à
ce qu’il fondât
en 1737 une Ecole privée
de composition de musique
qui attira de nombreux élèves.
I trouva en la personne
d’une de ses élèves
une généreuse protectrice
dont le mari, un des plus
riches financiers de
Paris, donnait dans son théâtre
particulier d’importantes
soirées musicales.
Celui-ci fit faire à
Rameau la connaissance de
Voltaire et lui procura
l’accès
au genre du grand opéra.
Si Rameau avait d’abord
été considéré comme le meilleur
organiste de France, il ne
tarda pas désormais à être
de plus en plus apprécié
en tant que compositeur
d’ouvrages scéniques.
Louis XV le nomma en 1745
Compositeur de la Chambre.
Après
la mort de Rameau il se
fit un silence de plus en
plus marqué autour de sa
musique; dans le domaine
de l’opéra
on ne s’intéressait
en permanence qu’à
la recherche et à
la découverte
d’œuvres
nouvelles et la musique de
clavecin ne jouissait pas
du même
prestige que la musique
instrumentale italienne.
En outre la Révolution
apporta également
un bouleversement radical
pour la musique. A
l’exception de quelques
connaisseurs comme Hector
Berlioz, qui s’engagea
dans ses articles en
faveur de l’œuvre
de Rameau, la grande époque
de la musique française
et, avec elle, le compositeur
Rameau demeurèrent
pratiquement inconnus au
XIX siècle.
Ce fut seulement l’édition
de ses œuvres
complètes,
assurée
par Camille Saint-Saëns
(la publication s’échelonna
de 1895 à
1914 et comprit 18
tomes), qui attira de
nouveau l’attention sur
lui. Des compositeurs
comme Claude Debussy et
Maurice Ravel découvrirent
des parentés
spirituelles entre leur
propre musique et la
musique française
ancienne. Des œuvres
particulières,
conçues comme Hommages à
Couperin ou à
Rameau conjurèrent
l’esprit de cette musique
ancienne dans la musique
nouvelle. A l'exception
de très
rares morceaux, les œuvres
de Ramea une figuraient
pas au répertoire
des pianistes de concert
et n’étaient
pas non plus jouées
dans le cadre de la
musique pratiquée
par les amateurs en privé.
Les instruments et le
style d’interprétation
pianistique de l’époque
étaient
incompatibles avec la
musique du compositeur,
dont les œuvres
étaient
certes louées
sans qu’on les jouât
pour autant. A notre époque
même,
la musique française
des XVII et XVIII siècles
est, à
part la musique d’orgue,
singulièrement
peu représentée
aux catalogues de disques.
Camille Saint-Saëns,
qui s’efforçait
de parvenir à
une connaissance encyclopédique
de la musique,
reconnaissait assurément
la caractère
particulier des œuvres
et les problèmes
d’interprétation
qu’elles posaient mais ne
savait pas pour autant les
résoudre.
Il déclarait
en substance dans la préface
à
l’édition
des œuvres
completes: "Ici s’ouvrent
des horizons inconnus sur
la diversité
d’idées
et de jugements que le même
art est suspectible de
faire naître
à
des époques
différentes.
Pour pouvoir goûter
la musique des siècles
révolus
il est indispensable de se
représenter
l’expression contenue dans
les dessins des primitifs,
que ne formule pas les
sentiments de notre siècle
et qu’on peut
difficilement trouver dans
les œuvres
de notre époque.
De la sorte on pourra
connaître
et propager un plaisir
esthétique - ce qui est un
excellent résultant
obtenu au prix de légers
efforts".
Scott Ross a cherché
par l’étude
des écrits
théoriques
et des instruments d’époque
à retrouver les techniques
d’exécution
anciennes. Il joue un
instrument français
restauré
datant du XVIII siècle
et se distinguant
considérablement de
clavecins néerlandais
et allemands de la même
époque.
Les basses en sont extrêmement
sonores, le registre
medium et l'aigu ont
beaucoup d’éclat
et la sonorité mœlleuse
et pleine du registre de
luth est particulièrement
frappante. La durée
de résonance
modifiable est spécialement
importante pour la musique
française,
celle-ci exigeant sur ce
point une latitude
d’interprétation
se réalisant
le plus aisément
dans l’irrégularité
des diverses valeurs de
notes, notamment dans le
cas des agréments.
Lorsque la musique est notée
en rythmes fixés
exactement elle n’en
compte pas moins sur des
tremblements, sur la
possibilité
de modeler la résonance
et, suivant le caractère
de chaque morceau, sur une
moindre accentuation des
divers passages. Il s’agit
là
d’un idéal
opposé
au jeu legato prôné
par d’autres traditions,
pour ainsi dire d’une exécution
"chantée"
ou "déclamée"
conforme au sens du texte,
l’influence de la
tradition rhétorique
ne s’exerçant
pas seulement sur les
figures compositionnelles,
mais encore sur le jeu
instrumental lui-même.
Une telle technique d’exécution
ainsi que l’intelligence
de l’art de
l’ornementation étaient
familières
à tous les interprètes
à l’époque
de Rameau mais doivent être
réapprises
aujourd’hui et ne
constituent par conséquent
que des valeurs
approximatives. Vue sous
cet angle la tentative
entreprise par Scott Ross
dans le présent
enregistrement revêt
une signification supplémentaire.
Les œuvres
pour clavecin de Jean-Philippe
Rameau parurent en
plusieurs recueils: Premier
Livre des Pièces
de Clavecin, 1706. -
Pièces
de Clavecin avec une méthode
pour la mécanique des
doigts, 1724; les
deuxième
édition
parut ent 1731 sous le
titre Pièces
de Clavecin avec une
table pour les agréments.
- Nouvelles Suites de Pièces
de Clavecin avec des
Remarques sur les différent;
genres de musique,
1728; la deuxième
édition,
publiée
en 1746, renferme en outre
les Pièces
en concert dans
l’arrangement de Rameau
pour clavecin seul,
morceaux qui avaient paru
en 1741 dans la
distribution pour clavecin
avec un violon ou une flûte
et avec un alto ou un
violon; (un inconnu les a
alors arrangées
pour six instruments à
cordes; un sixième
concert pour sextuor du même
auteur se rapproche énormément
des morceaux La poule
et L’Egyptienne).
- La Dauphine,
1747.
En dépit
des nombreux titres
produisant l’effet d’une
intention programmatique,
les piéces
de Rameau ne sont pas
comparables à
la musique descriptive
baroque. Les titres ne
font que paraphraser de
manière
poétiquement
expressive des caractères
foncièrement
musicaux. Qu’il ne
s’agisse souvent que de désignations
fantaisistes, c’est
là ce que Rameau en
personne a donné à
entendre en déclarant
qu’il importait de cacher
l’art par l’art lui-même.
Aussi ses compositions se
laissent-elles avant tout
concevoir comme études
d’expression. Du point de
vue du style, l’œuvre
de Rameau ne peut pas être
assimilée
aux categories courantes.
Sa musique de clavecin se
rattache d’une part à
celle de ses devanciers,
notamment à
celle de Couperin, mais
elle offre déjà
d’autre part, dans
certains morceaux, des
traits du style galant et
de l’écriture
préclassique,
par exemple dans les
accords brisés
et dans les basses arpégées.
Parfois aussi on perçoit
la proximité
de Domenico Scarlatti
alors que le style
allemand, contrapuntique
et lié
à
la basse, ne
transparaît
que très
rarement. Mais le caractère
exceptionnel de sa musique
de clavecin réside
incontestablement dans
l’originalité
du traitement mélodique
ainsi que dans la couleur
et l’éclat
des agréments.
Dans sa rigueur, le
premier livre porte encore
l’empreinte de l’ère
de Louis XIV, durant
laquelle les innovations
n’étaient
pas appréciées.
Dans le grand Prélude
Rameau reprend dans un
rythme libre et dans le
style d’une improvisation
la tradition de la
technique du luth mais se
montre au début
de sa carrière
sous un jour quelque peu anachronique
afin de sa faire aimer du
public en rendant hommage
à
ses prédécesseurs.
Le public parisien de
l’année
1706
raffolait de
Couperin et de
d’Anglebert, que Rameau
cherche ici à égaler.
Cependant le Prélude
manifeste également
par ses amples intervalles
de basse et par les
dissonances résultant
de la ligne supérieure
librement conduite la
griffe de Rameau. Les
autres danses
traditionnelles - deux allemandes,
courante, sarabande
avec double et gigue
- sont façonnées
en forme de rondeau d’après
la chanson
française
de l’époque
et répondent
aux normes alors en
vigueur. Une Vénizienne,
une gavotte
et un menuet
viennent s’y ajouter en
tant que morceaux libres
mais il arrive parfois,
comme dans la basse mélodieuse
de la gavotte ou
dans l’écriture
mélodique
de la gigue, de la gigue,
de percevoir un soupçon
de la fantaisie de Rameau.
En 1724 Rameau semble
avoir pris ses distances à
l’égard
de son premier ouvrage,
car le titre du nouveau
recueil ne fait aucune
allusion au précédent.
La méthode de clavecin
jointe au second livre
pousse plus loin la
technique et introduit
notamment l'arpège;
son Traité de
l’Harmonie ainsi que
son expérience
pratique s'étendant sur
plus de vingt ans lui
avaient donné
une nouvelle assise. Le
recueil de 1724 ouvre la série
des œuvres
de clavecin accomplies de
Rameau et il établit
en même
temps la maîtrise
du compositeur, se
manifestant dans la suite
en mi majeur composée
des mouvements
traditionnels auxquels
viennent s’ajouter trois
pièces
libres (Le Rappel des
Oiseaux, Musette
en Rondeau et la
Villageoise) et dans
la suite composée
de morceaux libres formant
un groupement tonal homogène
(ré
majeur).
Dans la première
suite les types de
mouvements traditionnels
sont librement traités;
par rapport au recueil de
1706, l’espace tonal s’est
élargi
dans les deux sens, la
ligne mélodique
estrplus marquée.
La Gigue en Rondeau
n’est plus une rustique
danse en sabots mais un
morceau où
les lignes de basse
ascendantes et
descendantes bercent
harmonieusement une mélodie
simple et rêveuse.
Le Rappel des Oiseaux
est une fantaisie dialoguée
dans laquelle deux voix
sont conduites en
imitation. Ce qui
importait à
Rameau, ce n’était
pas de représenter
au moyen d’artifices d'onomatopée
musicale des phénomènes
naturels concrets, mais de
transposer cette idée
en une création
musicale originale. Le Rigaudon
venant ensuite est lui
aussi traité en canon; le
deuxième
Rigaudon et son Double
apportent par rapport au
premier de petites
variations dont la première
frappe particulièrement
par son caractère
pompeux, "versaillais".
Comme inspirée
d’un paysage de Nicolas
Poussin, la Musette en
rondeau represente
la cornemuse de la sphère
bucolique. Le Tambourin
est à
l’origine une danse
populaire provençale
très
rythmée,
alerte et pleine d’humour
dont dériva
plus tard le boléro.
Pour ses opéras
et ses ballets Rameau a
composé
de nombreux tambourins dotés
d’effets spéciaux
mais il renonce entièrement
ici ù
l’exotisme, bien qu’i1
parvienne parfois à produire
une impression
d’espagnolisme. La
Villageoise se développe
progressivement dans un
style extrêmement
nuancé
jusqu’à
atteindre une atmosphère
lyrique très
expressive. Ce morceau est
d’une importance décisive
dans l’œuvre
de Rameau et fait déjà
pressentir, dans un aperçu
rétrospectiF,
Les Niais de Sologne
avec leurs deux Doubles
ou encore la grande Gavotte;
le pas conduisant du
morceau séparé, de
l’expression isolé au
développement d’ensemble
est désormais franchi.
La deuxième
suite commence par les
très
poétiques, mélancoliques
Les Tendres
Plaintes, où
un thème
d’une grande simplicité
mélodique soumis à une
subtile ornementation
est accompagné d’une
basse fluide, le tout
fournissant un exemple
typique du charme
que la musique française
est susceptible de
dégager dans
l’expression même
de la tristesse. Avec Les
Niais de Sologne
on rencontre pour la
première fois
dans ce recueil un
morceau de concert d’une
virtuosité prononcée,
évoquant des danses
lourdes et grossières.
L’aspect ironiquement
sarcastique ne sort
toutefois pas du cadre
de ce que l’esthétique
contemporaine
reconnaissait comme la
représentation
appropriée du grotesque.
Les batteries d’accords
vers la fin du morceau
engendrent en outre un
brillant effet; il y a
là l' influence
du plein jeu de
la musique d’orgue française.
- Les Soupirs
sont composés
dans une écriture de
luth afin de rendre le
caractère
retenu et intime du
sujet, dont l'oppression
et la tristesse sont
suggérées par le
chromatisme descendant à
la basse. La Joyeuse
apporte un contraste au
morceau précédent et
l’humour y est nettement
perceptible même
si l'expression
de la joie est plus
réservée que bruyante.
L’Entretien des Muses
adopte un thème
qui était tout aussi en
vogue dans la peinture
que dans l’opéra à
cette époque, celui des
Muses de la mythologie
antique, symbole des côtés
agréables de la nature,
mais le tableau musical
sort de l'ordinaire,
les muses s’empressant à
présenter leur inégalité
par rapport à l'ironie
du compositeur. Dans Les
Tourbillons tout
est mouvement: rapides
traits ascendants et
descendants, arrêt
et renouveau
d’accélération. Tous ces
effets sont cependant si
bien dosés qu’à nul
moment il n'en
résulte une impression
d’exagération. Dans
l’antre des Cyclopes,
on forge des
métaux précieux. Les
rythmes staccato battant
à la basse, qui avaient
été rendus possibles par
le perfectionnement de
la facture de l'instrument
et n’avaient pas tardé à
se voir également
adoptées par Domenico
Scarlatti, semblent
avoir incité Rameau au
choix de ce titre. Le
recueil se termine sur
deux pieces brèves,
Le Lardon et La
Boiteuse.
Deux morceaux extrêmement
élaborés et
significatifs figurent
au commencement du
recueil intitulé Les
Nouvelles Suites de Pièces
de Clavecin
(1728); la magnifique Allemande,
qui doit être
jouée en notes inégales,
et la Courante.
L’Allemande est
une des compositions très
graves, solennelles de
Rameau, d’une expression
lyrique et méditative.
Avec ses mélodieux
themes principaux, son
ornementation
exceptionnellement dense
et ses insertions
polyphoniques, elle se
rapproche par sa forme
de la sonate
préclassique. Sombre,
lourde et remplie
d’inquiétude interne, la
Courante est le
seul morceau de Rameau
écrit en contrepoint
double: l'élément
thématique essentiel y
est repris par chaque
voix qui accompagne la mélodie.
Ainsi la rigueur en
quelque sorte germanique
du contrepoint et la légèreté
française du
tempo fondamental
s’unissent ici pour
contribuer à la gravité
de l’expression.
Comme le titre le suggère
déjà, il s’agit dans Les
Trois Mains d’un
problème
d’exécution technique.
Le matériau musical est
disposé avec
une telle densité qu’il
fournit l’impression
d’être
joué à trois mains. Une
ample ligne semblable à
une cadence improvisée
constitue le
couronnement du morceau,
dans lequel le plaisir
pris à l’exécution
musicale l’emporte sur
tous les problèmes
techniques.
A la Funfarinette
avec ses accords en
fanfares mais
mélancoliques et à La
Triomphante avec
sa mélodie limpide bientôt
conduite en canon succède
la célèbre Gavotte.
Pour un compositeur tel
que Rameau, qui se
limitait pour
l’essentiel, dans ses œuvres
de clavecin, à
des pièces brèves
dotées
chaque fois d’un caractère
fondamental, la
combinaison de plusieurs
possibilités au sein
d’une même œuvre,
le traitement diversifié
du même
matériel thématique
devaient constituer des
virtualités stimulantes.
Avec la Gavotte,
dans laquelle les
doubles sont des
variations, il créa en
recourant à ses moyens
spécifiques
un cas unique dans la
musique de clavecin française.
La Gavotte
elle-même
expose le thème
dans une forme simple,
aisément intelligible,
avant que les problèmes
posés
par l’ornementation, par
les diminutions et la
répartition rythmique de
celles-ci ne soient
traités dans les
doubles. Le Double I
présente le thème
à la basse avec de mélodieux
agréments à la voix
supérieure. Encadré
de la basse, le thème
apparaît en
harmonisation verticale
à la voix supérieure,
comme variation sonore,
dans le Double II.
Le Double III
fait alterner le thème
à la basse et à la voix
supérieure, les
ornements reprennent en
partie ceux du Double
I. Avec ses
répétitions de
notes finissant par se
transformer en accords
amplifiés, le Double
IV représente une
difficile étude de rythme.
Après
les arpèges
qui prévalent
dans le Double V,
ce sont les octaves à
la basse qui dominent dans
le Double VI,
tandis que la voix
supérieure offre des répétitions
de notes en tierces et en
quintes. Certes il ne
s’agit pas uniquement ici
de l’importance des
techniques, mais ce sont
celles-ci ui ont permis
cette série
de variations en même
temps qu’une configuration
finale. L’apparence
figurative et sonore revêtue
par le thème
est à
tout moment décisive.
Après
Les Tricotets et L’Indifférente
viennent deux gracieux Menuets
que Rameau réutilisa dans
son opéra
Castor et Pollux
respectivement dans le
prologue et, sous une
forme modifiée, dans le
dialogue entre l’Amour et
les Grâces.
Une pièce
comme La Poule,
au-dessous du thème
de laquelle le compositeur
écrivit lui-même:
co co. co. co. co. co. co.
dai, ne nécessite pas de
commentaire détaillé; il
est pourtant significatif
qu’il ait contrarié, par
l’apport d’épisodes
faisant contraste,
l’éventuelle monotonie
pouvant résulter d’un
procédé onomatopéique.
Après
Les Triolets, dans
lesquels le conflit
rythmique domine dans la
relation deux contre
trois, vient la danse Les
Sauvages. Ici se
traduit l’idée que se
faisait le dix-huitième
siècle
de la musique des peuples
non européens. Les répétitions
de notes sont censées représenter
les rythmes de tambours,
l’extrême
vitalité du traitement
rythmique vise à dépeindre
la sauvagerie. La danse
servit de modèle
au finale d’un des intermèdes
des Indes Galantes,
avec solistes, chœur
et orchestre.
Dans son Traité de l’Harmonie
Rameau qualifie
l’enharmonie (procédé
consistant à
mettre sur le même
plan un son diésé
et le ton entier bémolisé
lui faisant suite, par
exemple fa dièse
et sol bémol)
de "drôle
de coco", d’horreur propre
à
apporter partout le
désordre. De cela il
fournit un exem le dans L’Enharmonique
où
il dévoile une solution
des problèmes
harmoniques absolument
msolite pour les oreilles
de ses contemporains. Des
indications verbales
supplémentaires annoncent
tous les effets
effroyables susceptibles
d’en résulter.
L’Egyptienne fait
partie des morceaux
d’inspiration exotique.
Outre l'éclat
majestueux et le mystère
des Pharaons, les arpèges
sont censés évoquer la
harpe, le plus important
des instruments égyptiens.
La Dauphine, dernière
pièce
de clavecin composée par
Rameau, erst dédiée à
la belle-fille de Louis
XV, Marie-Josèphe
de Saxe. Cette page noble,
'd’une pompe royale,
résume une fois de plus,
comme en un testament
musical, toutes les
possibilités que Rameau
avait mises au point pour
cet instrument.
La Coulican est la
représentation
musicale du monde persan
et doit son nom au héros
de l’ouvrage de
Jean-Antoine Ducerceau
"Thomas Kouli Khan, roi de
Perse ou l’histoire de la
nouvelle revolution en
Perse", paru 1728.
La Livri est une
musique commemorative, un
"tombeau",
inspiré par la mort du
comte de Livry. La
majestueuse mélodie
endeuillée et le
chromatisme descendant
offert par la basse
prouvent qu'il
ne s'agit
pas purement d’un simple
hommage selon la pratique
courante de l'époque.
Au XVIII siècle,
Le Vézinet est
encore une banlieue en
pleine campagne, où
l’on vient se promener, où
l’on se donne rendez-vous,
où
l’on organise des bals et
des fêtes.
Avec l'humour
distant de 1’observateur,
Rameau brosse un tableau
de cet endroit idyllique.
L’Agaçante,
étude de caractère,
se distingue par
1’irrégularité de son
développement rythmique et
par ses effets de
surprise.
Rameau trace le portrait
de La Timide au
moyen d’une mélodie
extrémement délicate,
conduite a deux voix en
sixtes.
C’est avec un thème
très
bref se présentant sous
des formes toujours
renouvelées que Rameau,
dans L'Indiscréte,
fustige les faiblesses
humaines.
Jean
Dupuit
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