COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STU 70 323
CONCERT POUR DEUX EMPEREURS AU PALAIS DE - COMPIEGNE




LE PALAIS QU'ÉDIFIA GABRIEL RETROUVE SES EMPEREURS ET S'ILLUMINE DANS LA GAIETÉ DONT OFFENBACH SUT LE PARER





Premier Empire (NAPOLEON I)


Etienne-Nicolas Mehul (1763-1817) Les deux Aveugles de Tolède (Overture) --' --" A1
Charles-Simon Catel (1773-1830) L'Auberge de Bagnères (Introduction - Air Basque) --' --" A2

Second Empire (NAPOLEON III)

Jacques Offenbach (1819-1880) Ba-ta-clan (Chinoiserie musicale en un acte) --' --" A3

- 1. Introduction et chœur · 2. Quatuor chinois · 3. Romancé


- 4. Duo · 5. Ronde de Florette · 6. Duo Italien · 7. Trio · 8. Le Ba-ta-clan et Final --' --" B



 
Huguette Boulangeot, soprano (Fé-an-nich-ton) CHORALE PHILIPPE CAILLARD
Raymond Amade, ténor (Ké-ki-ka-ko) ORCHESTRE JEAN-FRANÇOIS PAILLARD

Rémy Corazza, ténor (Fé-ni-han) Marcel Couraud, Direction
René Terrasson, basse (Ko-ko-ri-ko)

Jean Desailly, récitant

 






Luogo e data di registrazione
-

Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Guy Laporte


Edizione LP
Erato - STU 70 349 - (1 lp) - durata --' --" - (p) 196? - Analogico

Note
-












Le Palais de Compiègne connut, assurément, ses heures le plus brillantes sous le Second-Empire. Napoléon III y avait entrepris de nouveaux aménagements qu'il ne put achever... pas plus que ses prédécesseurs quim depuis Louis XIII, avaient fait de ce Palais un rendez-vous de chasse et un leiu de séjour annexe comme Fontainebleau ou Saint-Cloud. Sur le petit théâtre, une représentation d'opéra.comique fut donnée à l'intention de Napoléon, lors d'un de ses courts arrêts en compagnie de l'impératrice Marie-Louise. Des comédies et revues y furent jouées sous le Second-Empire: l'une d'elle eut pour actrice principale l'Impératrice Eugénie; une autre eut pour auteurs Mérimée et le Duc de Morny; celui-ci avait mis la main au livret d'une opérette d'Offenbach, le compositeur adulé de la nouvelle société impériale et dont les refrains chantaient dans toutes les mémoires comme les valses de Strauss que débitait, à Compiègne, devant la Cour... un piano mécanique!



Dés les premières années du XX siècle, le vieil opéra-comique connut un regain de faveur au dépens du drame. C'en était fait des sujets lugubres, terrifiants, mélodramatiques, bref de tout ce qu'un rédacteur de "La Décade Philosophique" appelait "le terrorisme musical". Bonaparte, s'il réservait ses faveurs aux maitres italiens, n'était pas insensible à l'opéra-comique: la romance du Prisonnier de Della.Maria: "Oui, c'en est fait je me marie..." était un de ses airs favoris et sa fanfare préférée avait pour thème un choeur de La Caravane du Caire de Grétry: "La Victoire est à nous...". A Méhul, qui venait de faire jouer l'Irato sous un pseudonyme italien, il déclarait: "Trompez-moi encore souvent de cette manière!".
Méhul (Givet, 1763 - Paris, 1817) fut, à coup sûr, le plus remarquable compositeur français de la Révolution et de l'Empire. Un an avant la création de Joseph, il se retournait vers le genre léger: le 28 janvier 1806, il faisait représenter à l'Opéra-Comique Les Deux Aveugles de Tolède. Si les airs et ensembles n'ont ni l'entrain, ni la verve de ceux de l'Irato, en revanche, l'ouverture se révèle être d'un intérêt bien supérieur. Avec son "boléro" - le plus ancien, à notre connaissance dans la musique symphonique française - ses alternances de majeur et mineur de même ton, elle se relie à l'ancienne "musique turque", mais elle annonce aussi Bizet.
Eléve de Gossec et premier professeur d'harmonie au Conservatoire, Charles-Simon Catel (Laigle, 1773 - Paris, 1830)  avait brillamment débuté pendant la Révolution par des hymnes civiques et èiéces d'harmonie de valeur. Après le grand opéra, il aborde pour la première fois l'opéra-comique avec L'Auberge de Bagnères créé le 23 avril 1807. L'"Introduction" l'emporte, non seulement sur les airs et ensembles de la partition mais aussi sur toutes les ouvertures des ouvrages analogues. Elle s'appule sur un "air basque" rapporté par le chanteur Garat de sa province natale. Son souvenir planera au terme de la Fantaisie Concertante pour piano et harpe de L.-E. Jadin et dans le Boléro final du Premier Concerto pour harpe de Bochsa le fils.
Après avoir végété pendant cinq ans au Théâtre Français, Jacques Offenbach (Cologne, 1819 - Paris, 1880) se dit que "l'opéra-comique n'était plus à l'Opéra-Comique, que la musique véritablement bouffe, gaie et spirituelle, la musique qui vit, enfin, s'oubliait peu à peu. Les compositeurs travaillant pour l'Opéra-Comique faisaient, ajoutait-il, de "petit grands opéras". Je vis qu'il y avait quelque chose à faire pour les jeunes musiciens qui, comme moi, se morfondaient à la porte du théâtre lyrique". Ce "qualque chose à faire", c'était la création d'un théâtre dont il fournirait le répertoire et assurerait aussi la direction; en se heurtant au départ à des restrictions non moins tyranniques que celles imposées naguère par Lully (Pas plus de trois personnages, pas plus d'un acte!) mais qu'importe... le succès viendrait bientôt dans cette nouvelle société impériale avide de s'étourdir dans le faste et les divertissements endiablés. Et avec l'impératrice ennmie de la "grande musique", l'opérette avait devant elle le plus bel avenir. Il allait appartenir à Offenbach d'instituer les Bouffes-Parisiens et d'y faire triompher un genre nouveau, bien à lui et auquel ses émules apporteraient en général plus de finesse sans se montrer toujours capables d'autant de brio.
Deux-jours avant que ne s'achève l'année 1855, marquée par la première Exposition Universelle, était créé Ba-ta-clan: c'était le onzième ouvrage représenté sur cette scène depuis son inauguration au mois de Juin et le douzième produit dans la même année par Offenbach! La loufoquerie de cette "chinoiserie musicale" valait bien celle de l'"anthropophagie musicale": Oyayaye ou la Reine des Iles révélée au mois de Juin.
Un succés déòorant accueillit ce premier plaidoyer en faveur de la joie, ce premier persiflage de l'opéra italien et du mélodrame romantique: Les Huguenots de Meyerbeer s'y trouvant parodiés dans un incroyable jargon fanco-italo-chinois. Les traits dominants des opérettes à venir étaient d'ores et déjà parfaitement dessinés grâce à cette première collaboration étroite d'Offenbach et de Ludovic Halévy. C'est dire toute l'importance de cer acte, l'un des plus réussis avec Pomme d'Api et qui devait donner son nom à un café-concert.
Contrairement à Saint-Saens ou à Vincent d'Indy qui traitaient l'opérette avec mépris, Ravel admirait Offenbach: le rapprochement entre des ensembles syllabiques de Ba-ta-clan et certains choeurs de l'Enfant et les Sortilèges montrera que cette admiration, comme toutes celles de Ravel, était bien autre chose qu'une boutade!
Frédéric Robert