COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STU 70 316
FESTIN ROYAL EN LA GALERIE DES GLACES - VERSAILLES




L'OR DES TROMPETTES TRIOMPHALES POURSUIT DANS LE JEU DES MIROIRS L'OMBRE DES MENUÈTS ET GAVOTTES




François Francœur (1698-1787) SYMPHONIES DU FESTIN ROYAL DE MONSEIGNEUR LE COMTE D'ARTOIS, année 1773


Quatrieme SUITE mélée de trompette, timbales et cors (extraits) 20' 17" A1

- 1. Menuet I, de F. REBEL - Menuet II, de F. FRANCŒUR



- 2. Entrée de chausseurs, de A. DAUVERGNE


- 3. Menuet gracieux, de J.-P- RAMEAU


- 4. Air tendre, de F. FRANCŒUR


- 5. Air en rondeau, de F. FRANCŒUR


- 6. Musette, de J.-J. de MONDONVILLE


- 7. Rondeau, de J.-J. de MONDONVILLE


- 8. Rondeaux, de F. FRANCŒUR


- 9. Rondeau gay, de F. FRANCŒUR


Deuxieme SUITE (intégrale) 6' 52" A2

- 1. Ouverture, de F. FRANCŒUR


- 2. Air majestueux, de J.-P- RAMEAU


Deuxieme SUITE (suite) 24' 51" B

- 3. Contredanse, de F. FRANCŒUR


- 4. Air gracieux, de F. FRANCŒUR


- 5. Air vif, de F. FRANCŒUR


- 6. Gavottes, de F. FRANCŒUR


- 7. Air très vif, de A. DAUVERGNE


- 8. Air marqué, de F. FRANCŒUR


- 9. Air en chaconne, de B. de BURY


- 10. Gavottes, de J.-J. de MONDONVILLE


- 11. Air vif, de F. FRANCŒUR


- 12. Gavottes, de J.-P- RAMEAU




 
ORCHESTRE JEAN-FRANÇOIS PAILLAR
Jean-François Paillard, Direction
(Restitution: J.-F. Paillard)
 






Luogo e data di registrazione
-

Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Guy Laporte


Edizione LP
Erato - STU 70 316 - (1 lp) - durata 52' 09" - (p) 1966 - Analogico

Note
-











De Louis XIV à Louis XVI, tous les évènements de la Cour, petits ou grands, ont été prétextes à musique. Du cérémonial quotidien, la messe à la chapelle, les soupers, les couchers, jusqu'aux spectacles à grand apparat, carrousels, fêtes, réceptions d'ambassadeurs, les compositeurs du roi doicent fournir sans cesse des accompagnements appropriés qui contribuent largement à la magnificence royale. Naturellement les mariages princiers ont été l'occasion de festivités d'un éclat particulier. Rien que dans les derniéres années du règne de Louis XV, trois mariages ont été célébrés en grande pompe: celui du Dauphon et de Marie-Antoinette le 16 mai 1770, celui du Comte de Provence en 1771, celui du Comte d'Artois, futur Charles X, dernier roi de France et de Navarre, avec Marie-Thérèse de Savoie, le 16 novembre 1773. Dans les trois cas le déroulement est le même: messe à la chapelle, réception dans les Appartements, jeux à la Galerie des Glaces, à 10 heures 30 festin dans l'opéra de Gabriel, inauguré en 1770, feu d'artifice... et les jours suivants la fête continue!
Le mariagé du Comte d'Artois fut maqué par des bousculades, des désordres que n'avaient pas connus les precédentes cérémonies. En outre un orage gâia le feu d'artifice, dont le responsable se suicida! Mais rien b'avait été épargné pour la splendeur du Festin. La table royale était décorée, entre autres, d'une rivière qui coula pensant tout le banquet. Un orchestre de quatre-vingts musiciens se fit entendre. François Rebel le dirigeait et son ami François Francoeur avait fourni la musique. L'un et l'autre appartenaient à des dynasties d'artistes et ils sont restés associés, dans une collaboration indéfectible, tout au long de leur carriére. Entre 1726 et 1773 on ne trouve pas moins de douze oeuvres lyriques signées Rebel et Francoeur.
Ce dernier avait à l'époque soixante-quinze ans. Il s'était démis de ses charges de chef des 24 violons, de compositeur de la musique du roi et de directeur de l'opéra. Mais il restait un important personnage officiel, qui sera annobli en 1764 et recevra le cordon de saint-Michel l'année suivante. Son Festin Royal ne comporte pas moins de quatre suites, chacune de plus d'une demi-heure, précédées de Fanfaren qui ne sont autres que la Première Suite de Mouret. La reliure de bau manuscrit qui nous conserve cet important ensemble porte le titre suivant: Concert François arrangé par M. Francoeur Surintendant de la Musique du Roy pour le Festin Royal de Mgr le Comte d'Artois années 1773. Le terme "arrangé" correspond au fait que Francoeur a fait de larges emprunts à ses contemporains, emprunts qui sont d'ailleurs indiqués d'une manière beaucoup plus scrupuleuse que ne le comportalent les moeurs artistiques du siècle. Au demeurant la majorité des piéces vient de lui. Parmi les autres, Rameau est l'auteur de trois morceaux: un Air majestueux qui provient des Fêtes de l'Hymen et de l'Amour (2me entrée,  sc. 4), deux Gavottes de Dardanus (Acte V, derbière scéne) et un Menuet gracieux avec les cors de chasse, dont nous n'avons pu déterminer la provenance. Quelques-unes des plus jolie pages son de la plume de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711.1772) défenseur, avec Titon et l'Aurore (1753), de la musique française dans la "Querelle des Bouffons", introducteur des sons harmoniques dans le jeu du violon, créateur de la sonate française "avec clavecin obligé", compositeur original et gracieux qui n'a pas encore retrouvé la place qu'il méite. "Si je n'étais pas Rameau, disait son contemporain Daquin, qu'aurais-je de mieux à désirer que d'être Mondonville?"
Antoine Dauvergne (1713-1797) est le créateur de l'opéra-comique (Les Troqueurs, 1753) et l'un des principaux artisans de la symphonie française. Deux compositeurs figurent pour une pièce; ce sont des collègues, surintendants de la musique du roi: l'ami Rebel et Bernard de Bury (1720-1785) qui, dès l'âge de seize ans, avait publié un Livre de pièces de clavecin où il ne dissimule pas son admiration pour Rameau.
La quatrième suite, en ré majeur, est d'un style beaucoup plus éclatant, avec ses enluminures de trompette et ses fanfares de cors de chasse, que la deuxième suite, d'un caractére plus intime, plus "musique de chambre", à l'execption des deux pièces (Contredanse n° 2 et Air très vif n° 7) où les piccolos introduisent une note de fantaisie burlesque (il y a dans la contredanse des "turqueries" dopéra-comique).
En 1773 ke styke gakant s'est déjà largement imposé en France et des compositeurs comme le Chevalier de Saint-Georges publient des oeuvres d'une couleur nettement mozartienne. Rien de cela ne trasparait dans le Festin Royal. Il est évidebt que la cour reste attachée à la tradition des Delalande, des Mouret. Bien des pièces de Francoeur pourraient figurer, sans détonner, parmi les suites des Soupers du Roy écrites un bon demisiècle plus tôt. Mais ce conservatisme officiel n'est pas un "pompiérisme". La tradition demeure vivante, la musique coule avec trop d'aisance, de naturel, de charme, pour ne pas être le fruit de la spontanéité.
Aussi cet ensemble reorPsente, nous semble-t-il, un merveilleux "échantillonnage" de la vie musicale à la cour des Rois Bourbon. Au-delà de leur très grande, très sédusante valeur artistique intrinsèque, ces pièces dégageront, à n'en pas douter, un puissant parfum évocateur pour tous les visiteurs et admirateurs - ils sont légion - da château d Versailles.
Jean-François Paillard