COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STU 70 315
MUSIQUE SACRÉE EN LA CHAPELLE ROYALE - VERSAILLES




LA SOUVERAINE FERVEUR DE L'ORGUE FAIT ÉCHO A L'ÉLAN GRANDIOSE DES MOTETS COMME UNE PRIÈRE ROYALE




Guillaume-Gabriel Nivers (1632-1714) Suite du 2° ton --' --" A1

 - Prélude · Fugue · Dialogue de Rècits · Duo · Basse · Echo

Nicolas Bernier (1664-1734) Motet du Saint-Esprit pour soprano et basse continue --' --" A2
Louis Marchand (1669-1732) Tierce en taille en ré mineur --' --" A3

Dialogue --' --" A4
François Couperin le Grand (1668-1733) PREMIER CONCERT ROYAL pour dessus de viole et basse continue --' --" A5

 - 1. Prélude · 2. Allemande · 3. Sarabande · 4. Gavotte · 5. Gigue · 6- Menuet en Trio

Michel-Richard Delalande (1657-1726) Hymne "Sacris Solemniis" Grand Motet pour soli, chœur et orchestre /Révision et réalisation: Laurence Boulay) --' --" B

- 1. Chœur


- 2. Récit de basse (basson)


- 3. Petir chœur


- 4. Récit de ténor


- 5. Chœur


- 6. Récit de soprano (flûte)



- 7. Récit de soprano et Chœur





 
Nivers, Bernier, Marchand, Couperin le Grand
Delalande



Marie-Claire Alain, aux grandes orgues historiques de la Chapelle du Château de Versailles Edith Selig, soprano
Jocelyn Chamonin, soprano André Mallabrera, ténor
Bernard Fonteny, violoncelle Roger Soyer, basse
Anne-Marie Beckensteiner, clavecin Raymond Guiot, flûte

Paul Hongne, basson

Bernard Fonteny, violoncelle

Anne-Marie Beckensteiner, clavecin et orgue


CHORALE STEPHANE CAILLAT


ORCHESTRE JEAN-FRANÇOIS PAILLARD


Stéphane Caillat, Direction
 






Luogo e data di registrazione
-

Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Guy Laporte


Edizione LP
Erato - STU 70 315 - (1 lp) - durata --' --" - (p) 196? - Analogico

Note
-












Grand motet, petit motet, pièce d'prgue... C'es trois formes de musique religieuse avaient place sous les voûtes de la chapelle royale, pour accompagner ou commenter les offices auxquels assistaient le Roi et sa famille.
Michel-Richard DELALANDE. Surintendant de la Musique royale, est célébre par les grands motets qu'il composa sur les textes des psaumes. Si le Sacris solemnis n'est pas la traduction musicale d'un psaume, mais d'une hymne au Saint-Sacrement, cette oeuvre, datant de 1709, est traitée en style concertant comme tous les grands motets: qualques voix solistes et un choeur à cinq voix sont soutenus par un orchestre où les vents s'ajoutent aux vordes er au continuo.
L'oeuvre est scindée en sept parties où alterment choeurs et récits. Le mouvement qui seri d'introduction au motet est une large fresque bi-partite. Alors que òa seconde partie s'anime dans un élan de joie afin de traduire de plus pres le texte, le recueillement préside au départ de l'oeuvre grâce à l'exploitation du thème grégorien à l'orchestre puls au choeur fugué. L'atmosphére du motet tout entier est ded lors établie, sous ses deux éclairages: gravité et ferveur, force et enthousiasme. Le récit de basse qui suit suscite le recueillement. La voix soliste est accompagnée par un double counterpoint de violons et bassons auxquels se joint le continuo: "Nous celebrons la mémoire de la dernière Céne..." Pour traduire le trosième verset, Delalande choisit un petit choeur à 3 voix accompagné par les cordes; cette page précede un recit de tènor ("Ils sont faibles, et pour les réconforter. Il leur présente l'aliment de son corps") qui ne termine par les paroles que prononça le Christi: "Prenez cette coupe que je vous donne et buvez-en tous". L'affirmation de l'institution de ce sacrifice est confiée dans le verset suivant au choeur renforce par l'orchestre. Justement celebre, le Panis angelicus atteint peut-être le sommet de l'oeuvre. La flûte traversière et le soprano échangent des phrases d'une admirable sérénité, insperées au départ par le thème grégorien, et de plus en plus émouvant lorsqu'elles traduisent la fin du verset "manducat Dominum pauper, servus et humilus". C'est un choeur homophone, pour clore ce motet, qui affirme sa foi et sa confiance dans le Dieu unique en trois Personnes et s'achiève en un court mals vibrant "Amen".
Ce motet, realisé d'apres l'edition qu'en fit Collin de Blamont en 1729 ne comportait une instrumentation détaillée que dans les récit. Elle fut done completée dans les endroits où elle faisait défaut et principalement dans les choeurs et interludes symphoniques; les parties intermédiatres (altos et parfois même seconds violons) furent reconstituées.
Lorsque Delalande se démit en 1723 de trois des quatre quartiers qui constitualent sa charge de sous-maitre à la Chapelle royale, il confia ces postes, avec l'approbation royale, à Campra, Gervais et Bernier.
Nicolas BERNIER, alors âgé de cinquante-neuf ans, avait derriére lui une belle carrière qui l'avait conduit - aprés avoir travaillé en Italie avec Caldara - à Chartres (de 1694 à 1696), à St-Germain l'Auxerrois puis à la Sainte Chapelle où il avait succèdé à Charpentier (de 1704 à 1726). Ces divers postes de maitre de chapelle l'avaient préparé à recevoir la charge de la chapelle royale qui marqua le couronnement de sa carriére. On connait surtout Bernier comme compositeur de musique profane par les cantates qu'il écrivit à la demande de la duchesse du Maine, pour les "Nuits de Sceaux". Mais son oeuvre religieuse est beacoup plus importante, et sa valeur est réelle. Quelques grands motets concertante à la manière de Delalande, mais surtout des petits motets pour une ou plusieurs voix solistes et un effectif instrumental réduit, témoignant d'un art délicat, teinté parfois d'italianisme. Extrait d'un recuil qui parut en 1703, ce petit Motet du St Esprit, confié à une voix et basse continue, groups trois parties. Un récitatif, avec de souples vocalises introduit un air de facture et d'esprit italiens auquel succéde un joyeux alleluia où une place importante est concédée à la basse continue, laquelle devance ou commente les interventions vocales.
De tous les organistes qui brullerent à la chapelle du Roi Louis XIV, Nivers et Marchand - l'un succédant à l'autre - furent parmi les plus grands.
Guillaume-Gabriel NIVERS, né et mort à Paris (1632.1714) fut-il éleve de Chambonnieres? Apprit-il auprés de Du Mont la composition? Sa jeunesse reste assez obscure, et l'on ne saura it rien affirmer quant à ses années de formation musicale. On le trouve organiste à St-Sulpice en 1654. Il fut ensuite admis comme chantre, puis organiste de la chapelle royale (1678) avant de devenir maitre de musique de la Reine, puis organiste et mautre de musique à St-Cyr, L'oeuvre que nous laisse cet artiste d'une grande pieté, témoigne de sa foi et de l'influence qu'il eut sur l'evolution de la musique religieuse en France. Interprète et théoricism, Nivers ne laisse rien au basard et règistre avec beaucoup de soin chacune de ses pièces d'orgue qui, réunies soys forme de suites, sont écrites dans l'un des huit tons de l'Eglise. La Suite du 2me ton comprend sept mouvements. Le Prélude fait alterner le "positif" et le "grand plein jeu". A ce prélude fait suite une Fugue à 3 voix, courte piéce de style imitatif, à laquelle succède un Récit de caractère plus contemplatif. Une phrase ornée s'em dégage, soutenue par un accompagnement harmonique sur un "jeu doux", lequel, dit Nivers, "se compose du Bourdon et de la Flutte, ou du Bourdon et du huit-pied". Au duo, également bref, écrit en contrepoint à deux voix, s'oppose une Basse, c'est-à-dire une page où la partie principale est confiée a la basse, alors que la main droite se contente d'accompagner. L'Echo est une forme d'écriture chère aux Français desireux d'exploiter le trosième clavier ainsi nommé de leur instrument dont l'apparition remonte au premier tiers du 17 siècle. Ici encor, la régistration est indiquée, et de courtes phrases passent du "cornet" à l' "écho" en un va-et-vient régulier sostenu par des accorde. Le Dialogue à deux choeurs qui termine cette suite fait alterner, comme dans le prélude, le "positif" et le "grand jeu" lequel se compose, écrit Nivers, "du jeu de Therce - il faut entendre aussy toute sa suite - avec lequel on met la trompette, le clarion, le cromhorne, le cornet, et le tremblant à cent s'il y en a. Et le reste à discrétion dont le mélange est arbitraire."
Louis MARCHAND appartien à une autre génèration. Ce lyonnais, né en 1669, mourut à Paris en 1732. Il fut très jeune organiste à la cathedrale de Nevers, puis à celle d'Auxerre, avant d'assumer à paris la responsabilité de quatre trubunes dont, celle des Jésuites de la rue St-Jacques. C'est en 1706 qu'il succède à Nivers à la Chapelle Royale. Mais bientôt, sa vie déréglée l'oblige à renoncer à ses charges et à quitter la France. On sait qu'il alle en Allemagne ey qu'il fut mis en compétition avec J.-S. Bach à Dresde en 1717. Mais il renonça au dernier moment à ce "tournoi" qui, malgré la grande renommée de virtuose sur l'orgue ye le clavecin qu'il avait acquise, eut peut-être tourné à son dèsavantage... Rentré à Paris, il ne reprit que la charge d'organiste des Cordeliers. Si l'un de ses livres d'orgue fut gravé après sa mort, les quatre autres durent attendre notre siècle pour avoir les honneurs de la publication. A l'archaisme - combien poetique parfois - de Nivers, Marchand oppose une écriture plus souple, une plus grande carieté de rhthmes, des harmonies plus riches. La Tierce en taille est une page inspirée où, comme son titre l'indique, le chant est situé à la main gauche qui chante en "taille", c'est-à-dire entre la basse et le "dessus", sur un jeu de "tierce". Le Dialogue sur le "grand jeu" débute gravement, sur yne pédale de tonique, puis s'anime en un trois temps où la main gauche se volt indiquer un "cromorne positif" tandis que les deux parties confiées à la main droite chantent sur un "cornet de récit". Après des alternances entre le "Grand jeu" et l' "écho", l'oeuvre se termine par un retour à l'esprit du début, grave et homophone. Nivers, Delalande, Marchand, Bernier, quatre noms parmi ceux qui illustrérent la musique de la Chapelle Royale durant quarante années, et dont les oeuvres, s'étageant de l'aube au déclin du règne de Louis XIV, marquérent l'évolution d'une pensée et d'un art religieux en France.
Laurence BOULAY