COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STU 70 314
MUSIQUE DE CHAMBRE AU GRAND-TRIANON - VERSAILLES




VIVE OU RÊVEUSE, LA MUSIQUE D'UN SIÈCLE LIMINEUX FAIT SCINTILLER LE PRECIEUX ÉCLAT DE SES TIMBRES




Jean-François d'Andrieu (1682-1738) SONATE pour 2 violons et basse continue --' --" A1

 - 1. Adagio · 2. Allemanda · 3. Siciliana · 4. Gavotta · 5. Vivace

Michel de la Barre (vers 1670 - 1743) SUITE pour 2 flûtes sans basse --' --" A2

 - 1. Prélude · 2. Allemande · 3. Rondeau · 4. Gigue

Elisabeth Jacquet de la Guerre (vers 1664 - 1729) SARABANDE et GIGUE pour clavecin seul --' --" A3
François Couperin le Grand (1668-1733) PREMIER CONCERT ROYAL pour dessus de viole et basse continue --' --" A4

 - 1. Prélude · 2. Allemande · 3. Sarabande · 4. Gavotte · 5. Gigue · 6- Menuet en Trio

Jean-Henry d'Anglebert (1628-1691) PRELUDE - SARABANDE GRAVE - GAILLARDE pour clavecin seul --' --" B1
Marin Marais (1656-1728) SUITE pour viole de gambe et basse continue --' --" B2

- 1. Prélude · 2. Allemande · 3. Gigue · 4. Muzettes · 5. La Sautillante et double

Pierre Philidor (1681-1731) SUITE pour hautbois et basse continue --' --" B3

- 1. Lentement · 2. Courante · 3. Air en musette · 4. Gavotte · 5. Sicilienne · 6. Paysanne




 
Huguette Fernandez, Philippe Lamacque, violons
Maxence Larrieu, Rémy Cotton, flûtes
Pierre Pierlot, hautbois
Paul Hongne, basson
Robert Boulay, dessus de viole
Jean Lamy, Mireille Reculard, violes de gambe

Laurence Boulay, clavecin
 






Luogo e data di registrazione
-

Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Guy Laporte


Edizione LP
Erato - STU 70 314 - (1 lp) - durata --' --" - (p) 196? - Analogico

Note
-











Le sept compositeurs qui illustrent ce disque vécurent sous le règne de Louis XIV. Six d'entre ces artistes de genérations différèntes appartenaient à la Musique de la Chambre du Roi en qualité d'instrumentistes. Les uns touchaient le clavecin. (d`Anglebert, Elisabeth Jacquet de la Guerre, François Couperin) d'autres jouaient de la flûte et du hautbois (M. de la Barre, Pierre Philidor) ou de la viole da gambe (Marin Marais). Seul, l'organiste J.-F. d'Andrieu n'entra officiellement à Versailles que sous Louis XV, mais se produisit tout jeune à la Cour.
De la première génération - la plus ancienne - Jean-Henry d'Anglebert est l'unique représentant. Cet élève de Chambonnieres, organiste et claveciniste. survivancier de son maitre dans le charge d' "Ordinaire dela Chambre du Roy pour le clavecin" dès 1662, fut le grand virtuose avant Fr. Couperin. Le livre de pièces de clavecin qu'il publia en 1689 renferme un grand nombre de pages empruntées aux opéra de Lulli et transcrites pour l'instrument à claviers. Mais les oeuvres originales de l'auteur ne manquent ni de caractère, ni de grandeur, (sarabande grave) et leur ligne mélodique, extrèmement ornée, s'appuie sur une rythmique intéressante (gaillarde). Le prélude non mesuré, écrit sans barres de mesure, laisse une grande liberté d'interprétation au claveciniste, guidé seulement par quelques valeurs brèves insérées entre les rondes qui constituent la trame de l'oeuvre.
Une seconde génération d'artiste réunit le noms de Marin Marais, François Couperin et Elisabeth de la Guerre. Du gambiste Marin Marais - qui toute sa vie écrivet pour son instrument de prédilection - nous avons retenu la 4e Suite du 4e Livre publié en 1717. Ecrite pour viole de gambe et basse continue, elle comprend cinq mouvements d'où se détachent un extraordinaire Prélude, d'une beauté et d'une majesté de cathédrale, de poétiques musettes, et, terminant l'oeuvre, une pièce de caractère brillant: la Sautillante et son double.
François Couperin publia en 1722 quatre Concerts royaux qui "conviennent non seulement au clavecin, mais aussi au violon, à la flûte, au hautbois, à la viole er au basson". L'auteur ajoute: "Je les avais faites pour le petits concerts de chambre où Louis XIV me faisait venir presque tous les dimanches de l'année. Ces pièces étaient exécutées par Messieur Duval, Philidor, Alarius et Dubois. J'y touchais le clavecin".
Le Premier Concert Royal, confié en raison de ses doubles-cordes à un dessis de viole, se compose de six pièces dont la dernière, un "menuet en trio", s'adjoint un "second dessus"; en l'occurence une flûte. C'est à la forme classique de la suite de danses que cette oeuvre obéit: Allemande, Sarabande, Gavotte, Gigue et Menuet sont précédées d'un Prélude où le soliste chante de longues phrases ornéèes, soutenues par une basse continue en valeurs égales, de caractère italien. L'Allemande, qui se doit exécuter "légèrement", est très française d'allure, de même que la noble sarabande aux harmonies raffinées qui lui fait suite.
Le claveciniste Elisabeth Jacquet était la descendante d'une famille de facteurs de clavecin et d'organistes parisiens. Claveciniste précoce, ses dons éblouissent et, dès son plus jeune âge, le Roi s'intéresse à elle. L'adolescente, que Louis XIV appelait sa "petite merveille", vécut à la Cour, protégée par Madame de Montespan, jusqu'à son mariage avec l'organiste Marin de la Guerre. La jeune femme publia en 1707 un petit livre de clavecin. Composé d'une douzaine de pièces seulement, il trahit pafois une influence italienne. Mais l'unique Sarabande du recueil ne peut être que française. Quant à la Gigue, alerte, de lignes bien dessinées, l'abondance des ornements qui la parent en font une page typiquement française.
A la dernière génération de musiciens louis-quatorziens appartiennent M. de la Barre, P. Philidor et J.-F. d'Andrieu.
Le flûtiste Michel de la Barre consacra à son instrument douze livres de pièces avec la basse continue auxquels s'ajoutent des livres de pièces en trio et de pièces à deux flûtes sans basse. De cette immense production, nuos avons extrait une courte Suite publiée en 1711, où les deux flûtes, dégagées de la contrainte de la basse continue, évoluent contrapintiquement en un Prélude, une Allemande, un Rondeau et une Gigue. Pages charmantes, sans prétention, pleines de vivacité et d'entrain.
Pierre Philidor ne se contente pas d'être flûtiste à la chambre du Roi: il y joue aussi de la viole, de même que du hatybois, du violon, de la saqueboute et du cornet à la musique de l'Ecurie... Membre de cette grande famille des Danican-Philidor qui joua un rôle si important dans la musique française durant près d'un siècle, il est fils de Jacques, fifre, dessus de cromorne et trompette marine de la Grande Ecurie, petit violon de la Chambre, neveu d'André qui constitua la collection musicale qui porte son nom, et cousin d'Anne, fondateur du concert spirituel en 1725... C'est Pierre Philidor que François Couperin nomme dans sa préface des concerts royaux citée plus haut, afin de souligner sa partecipation à l'exécution de ces oeuvres devant le vieux roi Louis XIV.
On ne trouve pas dans la Suite pour hautbois et basse continue (1717) tous les mouvements habituels de la Suite de danses. La page initiale, sans titre, garde un caractère de prélude et Précède une Courante vive à laquelle font suite un Air en musette, très pastoral, une Gavotte, une Sicilienne et une Paysanne en forme de rondeau qui n'est pas sans rappeler par sa verve, sa gaité, sa rythmique franche, certaines pages au titre similaire de Marin Marais.
Jean-François d'Andrieu, neveu de l'organiste Pierre et organiste lui-même, se produisit devant Madame dès l'âge de cinq ans, en 1687. Nommé organiste de Saint-Merry en 1705 avant d'entrer à la Chapelle royale (1721) et de succéder à son oncle ù Saint-Barthlemy, d'Andrieu évrivit pour le clavecin, pour l'orgue, et pour le violon. Les Sonates en trio publièes en 1705 sont des oeuvres de jeunesse qui témoignent d'une influence italienne indéniable. La Sonate pour 2 violons et basse continue, dont la structure est intermédiaire entre la sonate et la suite comprend cinq mouvements. Un Adagio serein sur une basse continue en valeurs égales précède une Allemande de style fugué. La Sicilienne est la pièce la plus longue de l'oeuvre. Le balancement imprimé aux instruments, le charme qui en émane, sa simplicité même la rendent attachante. Une Gavotte extrémement brève annonce le dernier mouvement, Vivace, de rythme ternaire, à l'allure de gigue.
Ces oeuvres d'auteurs si différents sont marquées, malgré qualques touches d'italianisme, par l'esprit français du 18e siècle: fidélité à la forme suite, amour des lignes mélodiques ornées, des harmonies riches, sens de l'improvisation et de la fantaisie, alternances de joie populaire et de grandeur.
Laurence BOULAY