COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STE 50 307
CONCERT POUR L'IMPÉRATRICE AU CHATEAU DE - LA MALMAISON




LA HARPE ET LE PIANO FORTE ORNENT POUR JOSÉPHINE LES ROMANCES QUE LUI CHANTE LA DOUCER D'UNE VOIX




Louis-Emmanuel Jadin (1768-1853)

Deuxième Duo pour harpe et piano-forte en si bémol majeur (Rondo) --' --"



Trois Romance pour baryton et harpe

- Pierre-Jean Garat (1764-1823): "Dans le printemps de mes années" (Florian) --' --"
- Pierre-Jean Garat (1764-1823): "Il était là!" (Comte de Ségur) --' --"
- Martin-Pierre D'Alvimare (1770-1838): "Mon cœur soupire" --' --"



Hyacinthe Jadin (1769-1802)

Sonate pour piano-forte en ut dièze mineur, oeuvre IV n° 3 --' --"
- Allegro moderato · Adagio · Rondo allegretto




François-Joseph Nadermann (vers 1775 - 1835)

Anglaise rondoletto pour harpe, op. 92 --' --"
Martin-Pierre D'Alvimare


Air russe varié pour harpe, op. 25 n° IV --' --"



Trois Romances pour baryton et piano-forte

- Hyacinthe Jadin: "Romance à la Lune"
--' --"
- Louis-Emmanuel Jadin: "La Mort de Werther" --' --"
- Louis-Emmanuel Jadin: "Chanson" --' --"



François-Adrien Boieldieu (1775-1834)

Deuxième Duo pour harpe et piano-forte en si bémol majeur (Allegro moderato) --' --"



 
Bernhard Kruysen, baryton
Lily Laskine, harpe
Robert Veyron-Lacroix, piano-forte
 






Luogo e data di registrazione
-

Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Guy Laporte


Edizione LP
Erato - STE 50 307 - (1 lp) - durata --' --" - (p) 196? - Analogico

Note
-











En 1799, Joséphine de Beauharnais achetait à La Malmaison un château élevé sous Louis XIII, et dont le dernier propriétaire, Lecouteux du Moley, avait fait depuis 1771 un des lieux de rencontre de l'élite parisienne. Sur cette ancienne demeure, se greffa l'actuel pavillon dressé selon les plans de Percier et de Fontaine. Pour Bonaparte, La Malmaison devint un lieu de travail, où plusieurs actes historiques se décidèrent. Pour la future Impératrice, ce fut un lieu de plaisir, doté de kiosques, de Temples de l'Amour, de bergeries, d'un salon de musique relié à une galerie et à un petit théatre qui allaient tous deux disparaitre sous la Restauration.
Pensant l'Empire, Malmaison fut de plus en plus déclassé pour Saint-Cloud, Compiegne ou Fontainbleau. Si bien qu'à la proclamation du divorce, Joséphine y venait depuis longtemps presque seule. Napoléon lui rendit encore visite; il lui présenta même l'heritier qu'elle n'avait pu lui donner. L'ex-impératrice mourut en 1814 en cette même Malmaison, peu de temps après y avoir reçu le Tsar Alexandre I. Un an plus tard, Napoléon, avant de prendre le chemin de l'exil, y évoquait, dans une ultime halte, le souvenir de cette "bonne Joséphine" qui avait fait, pour un temps, de Malmaison, un nouveau Trianon.



Les goûts bien connus de Bonaparte pour les maîtres italiens ou italianisants, comme le piètre Della Maria, n’ont pas empêché Joséphine d’accueillir à La Malmaison des pianistes et chanteurs authentiquement français, applaudis en d'autres lieux par les noiabilités consulaires ou impériales. Leur musique est un peu semblable à la peinture de Prud’hon. Empreinte des graces alanguies du XVIII siècle finissant, elle se colore d’accents pathétiques, héroïques ou élégiaques, annonciateurs du romantisme, et baignant parfois dans un clair-obscur opposé au classicisme froid et déclamatoire de David ou de Cherubini. On peut aujourd’hui encore admirer dans le Salon de Musique de La Malmaison, les instruments de l'Impératrice  l’épinette, les deux pianos-forte et la harpe qu’elle se piqua de pratiquer. Il était bien naturel, en l’occurence, qu’entre tous les musiciens qui firent les délices des soirées de La Malmaison, nous parlions tout d’abord du Maître de Harpe de Joséphine: Martin-Pierre d’Alvimare (Dreux; 1770 - Paris, 1838). Ce dilettante accéda aux fonctions de "Harpiste de la Musique Particuliére du Premier Consul", devenu après 1804 "S. M. l’Empereur et Roi". I1 les conserva jusqu’en 1812; rentré alors en possession de ses biens, dont la Revolution l’avait frustré, cet aristocrate normand se retira de la vie musicale; à tel point qu’il ne voulut plus entendre parler, sous aucun prétexte, de son passé de harpiste et de compositeur "lequel n’avait pourtant rien que d’honorable" (Fétis). Certes, d‘Alvimare n’avait guére eu de chance avec son unique ouvrage lyrique Le Mariage par imprudence, opéra-comique un peu pâle, dont on déclara que la seule imprudence de ses auteurs était de l’avoir fait repréenter! Mais, ni ses romances, ni ses compositions instrumentales, toutes dédiées à la harpe ne méritaient d’être reniées par leur auteur, encore moins d’être oubliées ou dédaignées par la postérité. D’Alvimare excellait particulièremmt dans le theme varié, s’appuyant sur des motifs originuux, des romances ou des airs populaires russes,selon un usage qui commençait à se répandre en occident, et dont on trouvera, à la même époque, des exemples plus connus chm Weber, Hummel ou Beethoven.
La plus célébre des romances de D’Alvimare Mon coeur soupire, sur laquelle l’auteur lui-même composa des variations, fut un des triomphes de Pierre-Jean Garat (Ustarritz, 1764 - Paris, 1823). Ce chanteur de charme, aux manières excentriques, fut un des interprètes favoris de Joséphine à qui il rendit encore visite après 1809. La fin de sa carrière publique devait à peu près coincider avec la chute de l’Empire. Il est impossible de dénombrer les pièces chantées qui lui valurent tant d‘applaudissements, à commencer par les siennes propres, parmi lesquelles Dans le printemps de mes années (1800) et Il était là! (1809), dont la vogue s'est maintenue jusqu’à nos jours.
Parues en 1796, les trois romances des frères Jadin sembleront d'un style beaucoup plus pré-romantique. Hyacinthe Jadin (Versailles, 1769 - Paris, 1802), etait le deuxième fils de Jean Jadin, un membre de la Chapelle Royale dont il devait être l’élève ainsi que de Hullmandell. Durant sa carrière, hélas fort courts, ce premier titulaire de la classe de piano-forte du Conservatoire, a peu écrit pour la voix; en dehors de trois hymnes civiques, on lui doit cette Romance a la Lune où se révèlent un sentimmt harmonique et un sens des proportions peu fréquents en France à la fin du XVIII siècle. On lea retrouve plus affirmés dans son Ouverture en Fa (pour harmonie) et la plupart de ses concerti et sonates pour le pianoforte; de ces dernières, la plus remarquable est, sans doute, celle en ut dièze mineur - ton alors peu usité - où se profilent tour à tour Weber, Mendelssohn et Beethoven.
Le frère ainé de Hyacinthe Jadin, Louis-Emmanuel (1768 - 1853), qui lui devra l'essentiel de sa formation, vécut. par contre. jusqu'à un âge très avancé. Il devait mourir, presqu'oublié, à quatre-vingt cinq ans, à l‘aube du Second Empire. En 1830, il s‘était retiré près de Montfort l‘Amaury, mettant fin à une carrière musicals publique de près de quarante années. Claveciniste au Théâtre de Monsieur en 1790, membre de la Garde Nationale en 1792 (il contribua avec talent à l'illustration du Fêtes Civiques), il devait succéder en 1802 à son frère Hyacinthe au Conservatoire, puis oecuper les fonctions de pianiste au Théâtre Molière en 1806 et enfin de Gouverneur des Pages de la Musique du Roi aux Tuileries, de 1814 à 1830. Louis-Emmanuel Jadin passait pour un den plus brillants pianistes et accompagnateurs de aa génération. Sa renomrmée franchit même les frontières. La Mort de Werther met en scéne, un siècle avant Massenet, le héros goethéen en appelant à son secours le "plomb fatal". A cette courte scène dramatique, fait contraste une délicieuse Chanson en forme de rondeau, profession de foi romantique jusqu’à la caricature - Moi j'aime la maladie plus encor que la santé! - et dont certaines modulations font déjà songer à La Belle Meuniére. Voilà qui s'opposerait aux dénigrements dont la romance n'à cessé d'être victime dès cette époque où elle atteignait sa plus belle floraison.
Louis-Emmanuel Jadin consacra au piano-forte l‘esssentiel d‘une production abondante jusqu‘à la prolixité et dont une grands partie est restée manuscrite. Il exploita avec autant d'à-propos et de compréhension les pssibilités expressives de la harpe, la combinant très heureusement avec le piano-forte, et même le piano moderne (Fantaisie Concertante pour harpe piano et orchestre, v. 1820). De ces deux duos avec piano-forte, nous donnons ici le final du deuxième "dédié à Madame Bonaparte".
Francois-Adrien Boïeldieu (Rouen 1775 - Jarcy 1834) fut présent aux soirées de La Malmaison par quelques unes de ses romances que fit applaudir Garat. Néanmoins, ses premières compositions instrumentales, toutes écrites dans les cinq dernières années du XVIII siècle relèvent de la même esthétique que celles de Louis-Emmanuel Jadin à qui, d'ailleurs, le musicien de La Dame Blanche sera toujours reconnaissant de l'avoir encouragé à ses débuts.
A son tour, Boïeldieu mélera les cordes frappées et les cordes pincéès dans ses quatre duos pour le piano-forte et la harpe. Le plus intéressant est le deuxième en si bémol dont on trouvera ici seulement l'Allegro initial, très supérieur à la Pastorale Variée qu'une absence complète de modulations rend monotone, malgré l'ingéniosité renouvelée des combinaisons instrumentales.
Quant à François-Joseph Nadermann (v. 1773 - Paris 1835), fils du luthier Jean-Henri, le facteur ordinaire de la Reine Marie-Antoinette, élève de Krumpholz et de Desvignes, sa carrière officielle débuta seulement en 1815 aux Tuileries. De 1825 à 1835, il allait, le premier, enseigner la harpe au Conservatoire. Jusqu0au seuil du romantisme triomphant, parallèlement à Charles Bochsa le fils, le successeur de D'Alvimare, il prolongea à la harpe l'esthétique fin XVUUU siècle. On en trouvera un excellent témoignage dans ce Rondoletto à l'anglaise, écrit pour exercer l'élève à la précision dans l'usage des pédales, et extrait d'une des sonatines progressives opus 92 insérées dans sa Méthode.
Frédéric Robert