COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STE 50 248

CONCERT SACRÉ EN LA CATHÉDRALE DE  - CHARTRES




QUATRE SIÈCLE DE MUSIQUE SACRÉE FONT DE LA LOUANGE DES HOMMES UNE AUTRE "IRRÉPROCHABLE FLÈCHE"





Gilles Jullien (1650-1703) Prélude --' --" A1
Antoine Brumel (1460 - vers 1530) Motet "Ecce panis angelorum" pour 4 voix mixtes a cappella --' --" A2

Motet "Mater Patris et Filia" pour 3 voix d'hommes a cappella --' --" A3
Eustache du Caurroy (1549-1609) Te Deum (Restitution: Denise Launay) --' --" A4
Pierre Robert (vers 1618 - 1798) Grand Motet "Nolite me considerare" (Restitution: Héléne Charnassé - Revision et réalisation: Laurence Boulay) --' --" B1
Gilles Jullien (vers 1650 - 1703) Suite du 7eme Ton --' --" B2



 
Edith Selig, soprano ENSEMBLE DE CUIVRES
Gladys Felix, Nadine Denize, altos ORCHESTRE DE CHAMBRE JEAN-FRANÇOIS PAILLARD
André Meurant, tenor CHORALE STÉPHANE CAILLAT
Louis Collet, Georges Abdoun, barytons Stéphane Caillat, Direction
Roger Soyer, basse

Pierre Pierlot, hautbois

Bernard Fonteny, violoncelle

Anne-Marie Beckensteiner, orgue

Marie-Claire Alain, aux grandes orgues historiques de la Cathédrales d'Auch

Marie-Louise Girod, à l'orgue Clicquot-Gonzales de l'Eglise Saint-Merry de Paris

 






Luogo e data di registrazione
Eglise Saint Roch - gennaio 1965


Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Daniel Madelaine

Edizione LP
Erato - STE 50 237 - (1 lp) - durata --' --" - (p) 196? - Analogico

Note
-











Des trois soeurs gothique, Chartres, Reims en Amiens, la première surtout est un haut lieu de l'esprit, de l'art et de la foi. Est-ce parce qu'elle représent l'art ogival dans sa plus grande pureté? Est-ce pour sa nef audacieuse élevée en peu d'années (1194-1225)? Ou pour ce foisonnement de statues qui peuplent ses trois grands porches de tous les personages de l'Ancien et du Nouveau Testament? Pour l'éclat de ses verrières du XIII siècle qui n'ont de rivales que celles de Bourges? Ou pour ce deux tours dissemblables, et pour sa fiche "unique au monde", oeuvre de Jean de Beauce? Pour cela tout ensemble, et davantage encore. L'un des plus frequentés parmi les leiux de pélerinage, Chartres a reçu de nombreuses visites royales, peut-étre même celle de saint Louis.
Qui ne connait enfin cette Présentation de la Beauce à N.D. de Chartres, hommage de Péguy converti?
            "Tour de David, voici votre tour beauceronne.
            C'est l'épi le plus dur qui soit jamais monté
            Vers un ciel de clémence et de sérenité,
            Et le plus beau fleuron dedans votre couronne."
                                        (La Tapisserie de Notre-Dame)



L'école de musique de Chartres est très ancienne. Dès XI siècle, l'évéque Fulbert favorise le chant, compose même, dit-on, des hymnes. Au XV siècle, la maitrise est érigée en psalette. Composée de 5 a 12 enfants (selon les époques) et de 24 adultes, "heuriers", elle assure un service musical très chargè. A l'occasion des visites royales, la musique du Roi prète aussi son concours.
Parmi les musiciens qui ont occupé une fonction à la maitrise de Chartres, certains ont laissé un nom, soit par leur science, soit par leurs compositions: le flamand Jean Tinctoris, l'un des plus grands théoriciens du XV siècle, le compositeur Antoine Brumel, son contemporain; aux XVII - XVIII siècles, Pierre Robert, Nicolas Bernier, l'organiste Gilles Jullien dont l'instrument sera sans doute bientôt restauré...
Antoine Brumel, qui vient des Flandres, n'a guère que 23 ans, l'annèe 1483, lorsqu'il arrive à Chartres. Nommé heurier-matinier, il chante et compose; mais il quitte bientôt Chartres pour Laon avant de diriger la maitrise de N.D. de Paris. Appelé enfin par le duc de Ferrare il semble qu'il ait préféré se retirer à Lyon. Son renom de compositeur (Messes de 4 à 12 voix, motets, quelques chansons françaises) ègalait presque celui d'Ockeghem, de Tinctoris, de Josquin, d'Obrecht et d'Isaac. La date de sa mort est située vers 1520.
Deux motets de Brumel on été retenus, parmi ceux qu'a transcrits et publiés Annie Bank: Ecce panis angelorum, extrait de la séquence Lauda Sion (de la fête du Saint-Sacrement) est une pièce à 4 voix dans le style le plus pur de la deuxième école neederlandaise. Le Ténor chante le thème liturgique tandis que les autre voix dessinent un counterpoint en imitation du chant donné. La dernière partie, en rythme ternaire, produit cet effet de carillon très recherché par les compositeurs de ce temps. Mater matris et filia, motet à la Vierge Marie, est écrit pour 3 voix d'hommes qui chantent tantôt en style d'imitation fuguée, tantôt en accords verticaux. Le "carillon" traditionelle amène une conclusion joyeuse,
On peut à bon droit s'étonner de rencontrer ici le nom d'Eustache du Caurroy, sous-maitre de la Chapelle Royale, compositeur de la Chambre du Roi. Né près de Beauvais en 1549, mort à Paris en 1609, aucun lien ne semble le rattacher à Chartres. Il dût y paraitre cependant, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, à l'occasion du sacre du Roi son maitre. Henry IV en effet ne fut pas sacré à Roeims, conformement à la tradition, mais à Chartres, le 27 février 1594. Il n'avait abjuré que 6 mois auparavant, et les ligueurs, s'opposant à son sacre, occupaient Reims militairement. On choisit Chartres, mais il fallut aller quérir à saint Martin de Tours la deuxième sainte Ampoule que les moines vinrent apporter processionnellement. a l'issue du sacre et juste avant la Messe, le Te Deum fut chantè "en musique par la Chapelle du Roy" (N. de Thou, Cérémonies observées au sacre... 1594). L'usage voulant que les maitres de chapelle fissent interpréter leurs propres oeuvres, ce Te Deum ne poivait être que d'Eustache du Caurroy.
La version originale (in Preces ecclesiasticae, Liber I, 1609) est écrite pour 6 voix et s'inspire du thème liturgique sans le suivre à la lettre.
Dans l'interpretation qui en est donnée ici, les cuivres suppléent de temps à autre a certaines voix du choeur, ce qu'autorisaient parfaitement les usage du temps.
Les versets de plain-chant alternés avec les choeurs sont chantée selon les pricipes de rythmique accentyée appliqués au temps de la Renaissance.
D. Launay

Lorsqu'en 1650. Pierre Robert sollicite la fonction de Maitre de Musique, ses titres sont bien faits pour retenir l'attention du Chapitre de la Cathédrale: après de solides études à la Maitriae de Notre-Dame de Paris, le jeune prêtre y a été nommé "surveillant des enfants", une de ses oeuvres vient, en outre, dètre couronnée au Puys de musique de Mans.
Il n'est pas douteux qu'une carrière aussi solidment fondée ait tenu ses promesses: dix-huit mois après son arrivée, le musicien quitte Chartres. La cathédrale de Senlis et, de nouveau, Notre-Dame marquent les étapes d'une rapide acension qui s'achève à la Chapelle Royale, où Pierre Robert obtient successivement les charges de sous-maitre, puis de compositeur. A cette époque, le grand motet pour solistes, choeur et orchestre s'introduit à l'église. Pierre Robert y souscrit volontiers ainsi qu'en témoigne un important recueil publié, à la fin de sa carriére officielle "par expres commanderment de sa majesté."
Le motet Nolite me considerare, écrit sur un texte extrait du Cantique des Cantiques, et destiné à la splennité de Notre-Dame des Sept Douleurs, est emprunté à cet ouvrage.
Si l'orchestre y apparait conformément à l'usage du temps, l'ensemble vocale comprend, outre le choeur, sept solistes qui interviennent dans des "récits" à une ou plusieurs voix, conçus avec une extréme liberté. Art de transition, d'un italianisme assagi, qui nous éclaire bien sur la position d'un ecclésiastique face au grand motet versaillais.
Cette solennité des offices est également obtenue, à Chartres, grâce à la présence d'excellents organistes. C'est ainsi qu'à la fin de 1667, le chapitre s'assure le concours de Gilles Jullien, probablement élève de Nicolas Gigault. L'orgue de la cathédrale, considéré comme "l'un des plus beaux du royaume", à étè reconstruit au siècle Précédent par Robert Filleul, et pourvu, peu de temps après Saint Merry (1647), d'un troisiéme clavier dir "d'écho". Ses jeux de cornets, de flûte, cromornes ou voix humaine, sont de la plus haute qualité.
A la suite de ses maitres spirituels, la même année que François Couperin (1690), Gilles Jullien publie un Premier livre d'orgue qui comprend quatre vingt pièces groupées selon les tons de l'église et un Motet de Sainte Cécile. La "Suite du VII ton" reflète bien les différents aspects de cet art: écriture audacieuse du Prélude émailé de dissonances, raffinement des Duos, invention mélodique des rècits, grandeur enfin du Dialogue conclusif. Tout les acquisitions des maitres de la génération précédente sont présentes ici; l'abandon du plain-chant, certains caractéres du style tour à tour brillant et dramatique, permettent néanmoins d'entrevoir l'esthétique de concert vers laquelle glissera bientôt l'école d'orgue française du 18eme siècle.
H. Charnasse