COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STE 50 211

DEUX MUSICIENS FRANÇAIS AU PAVILLON DE L'AURORE A  - SCEAUX




UNE MUSIQUE RADIEUSE ET SEREINE CONFIE A L'AURORE LES SECRETS DE LA PLUS PURE PERFECTION FRANÇAISE




Joseph Bodin de  Boismortier (1687-1755) Concerto IV op. 21 pour flûte, hautbois, violoncelle et clavecin --' --" A1

- Allegro · Adagio · Allegro


Sonate en mi mineur op. 37 No. 2 pour hautbois, violoncelle et clavecin
--' --"
A2

- Allegro · Adagio · Allegro


Sonate en sol mineur op. 34 No. 1 pour flûte, hautbois, violoncelle et clavecin --' --" A3

- Allegro · Presto · Adagio

Jean-Marie Leclair (1697-1764) Sonate en re mineur pour flûte, hautbois, violoncelle et clavecin --' --" B1

- Adagio · Allegro · Aria · Sarabande · Allegro


Sonate en re majeur pour flûte, violoncelle et clavecin --' --" B2

- Adagio · Allegro · Sarabande · Allegro assai




 
QUATUOR INSTRUMENTAL MAXENCE LARRIEU

- Maxence Larrieu, flûte

- Jacques Chambon, hautbois

- Bernard Fonteny, violoncelle

- Anne-Marie Beckensteiner, clavecin

 






Luogo e data di registrazione
marzo 1964


Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Daniel Madelaine

Edizione LP
Erato - STE 50 211 - (1 lp) - durata --' --" - (p) 196? - Analogico

Note
-











Le domaine de Sceaux apparait dans l'histoire en 1440, lorsq'un décret en adjuge la Seigneurie à Maître Jean Paillard, conseiller au Parlament de Paris. Mais ce n'est que beacoup plus tard qu0il accède à la notoriété, lorsque Colbert l'acquiert en 1670.
Perrault dresse les plans du nouveau château, Le Nôtre dessine le parc que Tuby, Girardon, Puget, Coysevox ornent de statues tandis que d'immenses travaux font jaillir l'eau des fontaines. Le fils de Colbert, Jean-Baptiste de Seignelay, creuse le Grand canal à partir de 1685, fait construire par Hardouin-Mansart l'actuelle Orangerie, remanie le parc. La visite de Louis XIV et de sa suite, le 16 juillet 1685, marque l'apogée de son règne.
En 1699 le domaine devient la propriété du duc du Maine - fils ainé de Louis XIV et de Madame de Montespan -, et de la duchesse, - Louise Bénédicte de Bourbon-Condé, petite fille du vainqueur de Rocroi. La duchesse s'entoure d'une brillante cour littéraire. En contrast avec l'atmosphère austère de Versailles durant les dernières snnées du Roi-Soleil, la cour de Sceaux s'adonne à d'innombrables divertissements dont les organisateurs infatigables sont l'académicien Nicolas de Malézieu et la secrétaire de la duchesse, Mademoiselle de Launay.
Les fastes atteignent un point culminant en 1714 et 1715 avec les Grandes Nuits de Sceaux, ordonnées tous les quinze jours par un seigneur et une dame, sacrés pour la circonstance "Roy et Reine de la Nuit." La mort de Louis XIV, puis une conspiration qui oblige le duc à s'exiler qualques années, interrompent cette vie brillante, mais pour un temps seulement. Tout n'est pas fini avec les Nuites de Sceaux et à partir de 1722 la cour sereforme. Voltaire, inquiété par la police royale, y trouve un refuge pour écrire Zadig. Jusqu'à la mort de la duchesse duMaine (1752) la vie artistique française est représentée en ces lieux.
Malgré les saccages de l'époque révolutionnaire, il nous reste des témoignages authentiques des splendeurs passées, et notamment le Pavillon de l'Aurore, un des monuments les plus séduisants du XVII siècle, restauré avec goût de 1956 à 1958. La rotonde centrale est surmontée d'une coupole décorée par Le Brun: L'Aurore, image de Colbert annonçant la venue du Roi-Soleil. Les deux ailes carrées sont ornées de plafonds de Delobel, commandés en 1751 par la duchesse du Maine qui s'y trouve représentée sous les traits de Flore et de Pomone. Les modernes Nuits de Sceaux lui ont redonné vie en y accueillant de nombreux concerts de musique de chambre.



Boismortier et Leclair occupent, à des titres divers, un place de choix dans la musique de chambre française, contemporaine de la duchesse du Maine. Joseph Bodin de Boismortier "bourgeois de Paris", est mort le 28 octobre 1755 en sa propriété de la Gastinellerie à Roissy-en-Brie, "âgé de soixante huit ans environs". Plus de cent numèros d'oeuvres, chaque numéro correspondant le plus couvent à six compositions et, par trois fois, à un opéra, représentent un bagage de qualques cinq cents concertos, sonates, suites, cantates, motets... Une telle fécondité, assez courante outre-monts n'est pas ordinaire chez un compatriote de Couperin, et si toutes les pages n'atteignent pas au sublime, La Borde avait déjà remarqué que "qui voudrait se donner la peine de fouiller cette mine abandonnée, pourrait y trouver assez de paillettes pour former un lingot."
Mélodiste aisé, solide harmoniste, habile et curieux utilisateur des timbres instrumentaux, Boismortier prodigue sans effort une musique de grande qualité. Les "paillettes" réunies par le Quatuor M. Larrieu brillent de l'or le plus pur.
Le Concerto IV en si mineur est extrait du "Vingt et unième oeuvre contenant six concerto (sic) pour les flûtes, violons ou hautbois avec la basse, Paris 1728." Il s'agit de compositions qui peuvent se jouer à volonté avec ou sans orchestre, pratique qui se poursuivra très avant le XVIII siècle. Même dans la version en quatuor le "faciès" de concerto grosso reste très accusé, avec les unissons caractéristiques, les "tutti" groupés et les "soli" dans ledquels chaque instrument prend la parole à son tour.
La Sonate en mi mineur Op. 37 pour hautbois, violoncelle et clavecin est la seconde d'un recueil "contenant 5 sonates en trio pour un dessus et 2 basses, suivies d'un concerto à cinq parties... Paris 1732." Ici, et a la différence de la plupart des sonates du temps, le clavecin ne double pas le violoncelle, qui est doté d'une partie indépendante, préfigurant le dispositif du trio classique.
La Sonate en sol mineur Op. 34 n° 1 appartient à un groupe de "six sonates à quatre parties différentes et également travaillées pour 3 flûtes, violons ou autres instruments avec la basse. Paris 1731". Lesqualités de contrapuntiste de Boismortier s'y manifestent avec éclat.
Sì l'oeuvre de Jean-Marie Leclair (1697-1764) est beacoup moins importante, numériquement parlant, elle est d'une autre classe. On peut le dire sans rien enlever au charme si spontaném si attachant de Boismortier; Leclair, chef de file incontesté de l'école française du violon, est de même stature que Couperin et Rameau. Les critiques les plus avisés ont comparé son rôle en France à celui de Corelli et de Bach outre-monts et outre-Rhin.
La Sonate en ré mineur, Op. IV n° 3, publiée aux environs de 1730, pousse trés loin les recherches harmoniques et contrapuntiques. M. Pincherle a rapproché le Grave initial de la fugue pour orgue en la mineur de Bach (BG XV, p 189). La perfection de la fugue à deux sujects, qui lui succède, est belle que le célèbre théoricien allemand Marpurg l'a reproduite intègralement dans son Traité de la Fugue et du Contrepoint (1756), ouvrage où il place Leclair au même rang que Haendel, Telemann et les Bach.
Après la Sarabande aux harmonies audacieuses, l'Allegro final fait preuve d'un entrain étourdissant.
La Sonate en ré majeur pour flûte, violoncelle et clavecin est la huitième du "second livre de sonates pour le violon et pour la flûte traversière avec la basse continue" publié vers 1728. Ici, comme Boismortier dans la sonate de l'opus 37, Leclair écrit un vrai trio, avec une partie de cioloncelle qui, loin de doubler le clavecin, dialogue avec la flûte a égalité, non seulement thématique, mais même de virtuosité.
Jean-François Paillard