COLLECTION CHATEAUX ET CATHÉDRALES


1 LP - STU 70 410

TROMPETTES DE CAVALERIE, TROMPE DE CHASSE, HAUTBOIS & TAMBOUR POUR LA GRANDE ECURIE À - VERSAILLES




Philidor - Gavotte des Festins / Les Echos de Jupiter --' --"
Philidor - La Marche des Dragons du Roy --' --"
Dampierre - 4eme Fanfare / 11eme Fanfare (Gigue, Allegro) --' --"
Lully - Marche de Savoye --' --"
Philidor - Canon de Versailles a 5 parties / Marche pour les trompettes --' --"
Lully - Marche du Regiment du Roy --' --"
Dampierre - 19eme Fanfare (Gavotte, Spirituoso) / 1ere Fanfare (Allegro) --' --"
Lully / Moliere / Philidor L'Ainé - La Marche Française --' --"



Dampierre - 12eme Fanfare / 2eme Fanfare --' --"
Lully / Hotteterre - Marche des Fusilliez --' --"
Philidor - La Bontemps / Mars --' --"
Philidor - Marche à 4 Timbales *
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Dampierre - 9eme Fanfare (Affettuoso) / 3eme Fanfare --' --"
Lully / Philidor - March des Mousquetaires --' --"
Philidor L'Ainé - Menuet Royal --' --"
Philidor - Marche Hollandaise --' --"
Philidor - Menuet de l'Orangerie / Gigue des Arts --' --"



 
Daniel Houllier, Rémy Constant, Timbales *

ENSEMBLE DE TROMPETTES DE CAVALERIE DE PARIS / Pierre Breard. Direction
TROMPES DE CHASSE DU RALLYE LOUVARTS DE PARIS
ENSEMBLE D'INSTRUMENTS A VENT ET DE TAMBOURS
Jean François Paillard, Direction
 






Luogo e data di registrazione
-


Registrazione: live / studio
studio

Producer / Engineer
Guy Laporte

Edizione LP
Erato - STU 70 410 - (1 lp) - durata --' --" - (p) 1969 - Analogico

Note
Questa pubblicazione non ha la veste grafica della collana "Chateaux et Cathedrales".











Parmi les fastes de Versailles dont le souvenir propose à l'imagination les thèmes les plus exaltants figurent toutes les manifestations de plein air, que l'on pense au ballet impeccablement réglé du défilé des troupes, au départ des équipages pour les brillantes chasses à courre ou aux concerts s'élevant des barques somptuesement décorées qui voguaient sur le Grand canal. La musique de toutes ces circonstance grandioses était l'apanage du corps de la Grande ecurie, composé d'instruments à vent, fifres, trompettes et hautbois (ces deux derniers terms désignant des familles complètes de cuivres et de bois qui couvraient tous les registres du grave à l'aigu) et d'instruments de percussion, tambours et timbales.
Trois recuils anciens, qui conservent le souvenir de ces enluminures musicales, ont été utilisés ici.
Le premier est un manuscrit du célàbre bibliothécaire musical de Louis XIV, André Philidor, dit l'Ainé, mort à Dreux en 1730, et lui-même musicien de la Grand Ecurie (tour à tous cromorne, tambour, hautbois, quinte de cromorne, trompette, grand hautbois...). Il s'intitule: Partition de Plusieurs Marches et batteries de Tambour tant françaises qu'étrangères, avec les Airs de fifre et de hautbois à 3 et 4 parties et Pl Marches de timballes et de trompettes à cheval acev les Airs du Carousel en 1686. Et les appels et fanfares de trompe pour le Chasse. Ce titre, déjà prolixe, est complété par de nombreuses indications qui apportent une foule de renseignements souvent pittoresques. Outre les commentaires qui sont reproduits ci-dessus avec les titres des marches, citons par example celui qui accompagne la Marche du Régiment du Roy: "A la création du Régiment du Roy l'on battoit la marche françoise, mais les officiers du régiment ayant été tirez des Mousquetaires demandèrent au Roy que les tambours battent la marche des Mousquetaires, ce qui leur fut accordé. Puis ils ont battu la marche cy dessus de Mr de Lully et ensuite ont repris la marche des Mousquetaires qui subsiste encore présentement." La copie de Philidor est de 1705, mais les marches sont bien antérieures, comme on peut le constater par celles qui sont datées. Un bon nombre de ces marches sont de Lully et ont du lui rapporter une petite fortune si l'on en juge par les mille louis de la Marche de Savoye! Et malgré cela, quelle condescendance dans ce "Philidor l'ainé en a fait les parties, Mr de Lully ne les ayant pas voulu faire"!
Chaque marche comporte une batterie de tambours, soit semple, soit pourvue de variations avec soliste. Puis viennent les "airs" de hautbois, quelquefois un seul, plus souvent deux trois, jusqu'à six. La plupart sont à quatre parties (deux parties de hautbois, une de "taille" - cor anglais, une basse - basson). On remarque que plusieurs des ces marches sont à trois temps: il ne faut pas oublier qu'elles sont souvent, comme le dit le titre lui-même, jouées à cheval et que le "pas cadencé" n'est pas leur fait. L'une d'entre elles, même, (le 2 air de la Marche du Régiment du Roy) est une suite de variations sur le theme fameux des Folies d'espagne. La Marche à quatre timbales est tirée du même volume. C'est une intéressante étude de variations rythmiques pour quatre instruments jouées par deux timbaliers.
Le second recueil est une partition imprimée d'oeuvres du même musicien: Pièces de Trompettes et timballes à 2, 3 & 4 Parties. Premier Livre. Par M. PHILIDOR L'aisné, ordinaire de la Musique de la Chambre & Chapelle du Roy. 1685. Il s'agit de brefs morceaux pour an groupe de trompettes et de timbales, dont la concision et la simplicité d'écriture pourraient paraître indigence créatrice si on les transposait sur nos modernes instruments d'orchestre. Mais dans la version originale, exécutés, comme c'est le cas ici, sur des trompettes de cavalerie sans pistons, on s'aperçoit qu'ils s'adaptent merveilleusement à la riche couleur de timbre et aux somptueuses sonorités d'ensemble de ces instruments de plein air. Une oreille non prévenue, habituée à la gamme tempérér, pourrait être surprise par de soi-dissant défauts de justesse, comme par les trompes de chasse: la justesse est au contraire absolute et naturelle; c'est celle de la série des harmoniques. Seulement, c'est une justesse autre qui, si elle nous étonne, faisait les délices de nos ancêtres.
Il y a des fanfares de chasses dans le recueil manuscript de Philidor. Mais plus intéressantes sont celles que le savant animateur musical du Rallye Louvarts, Monsieur Jean Piétri, a eu la bonne fortune de retrouver en un volume du célèbre Dampierre. Les huit pièces qui figurent sur ce disque, écrit M. Piétri, "sont extraites d'un Recueil anonyme que la bibliographie attribue à Marc-Antoine, Marquis de Dampierre, "Commandant" de la Vénerie de Louis XV; Fanfares nouvelles pour deux cors de chasse, on deux trompettes, et pour des musettes vieles et jautbois, par Mr. D. - 1753 - La Chavardière - "A la Croix d'Or". En fait, réédition d'une gravure plus ancienne comme le laisse supposer l'habile grattage du bas de frontispice. L'instrumentation à deux Trompes et Timbales est conforme à la liberté traditionelle encore vivace au milieu du XVIII, de l'interprètation vis-à-vis de l'oeuvre écrite. La Technique très particulière propre à ka Trompe et issue de deux siècles et demi de transmissions directes, la richesse exceptionnelle du spectre sonore et les altérations physiques de la gamme tempérée qui sont tout à la fois le handicap et le privilège de cet instrument naturel, restituent, autant que le volume et le froissement véritables des cuivres, l'esprit même de ka Musique Baroque. Les Fanfares sont équilibrées de la façon classique telle qu'on la concevait à l'époque, et aussi bien pour la Chasse: une "attaque", répétée deux fois; un "milieu" et une "reprise", cette dernière souvent identique à l'attaque, avec les alternances de "Fort" et "Doux" indiquées pour l'essentiel sur la partition. Celle-ci ne comporte pour toute orchestration qu'un "second dessus", ce qui s'accorde bien en définitive avec la faculté de choix laissée par le compositeur avec le titre du Recieil. La Vénerie moderne, dernière héritière de ces formes musicales, a toutefois abandonné les répétitions de phrases moins compatibles qu'autrefois avec les circonstances de la Chasse à Courre.
Trompettes de cavalerie, trompes de chasse, "grands hautbois", tambours, timbales, tous ces instruments de la Grande Ecurie se contentaient d'une musique fort simple, assurément, mais la paraient de telles couleurs que, par-delà les siècles, on ne peut rester insensible à la permanence de leur invitation à un rêve de magnidicences oublées.
Jean-François Paillard